A propos du livre Mal travail de François Ruffin: Un « nouveau pacte de la vie au travail ». Telle était la promesse, durant le conflit sur les retraites, du président de la République. Un engagement déjà oublié. Pourtant, c'est bien vrai : le travail va mal en France. Il fait mal, mal aux corps, mal aux esprits. Et ce n'est pas qu'un ressenti : c'est pire chez nous qu'ailleurs, que chez nos voisins. Et nullement par hasard : nos élites ont bel et bien noué un « pacte » depuis quarante ans. Mais c'est un pacte contre le travail. Ce « mal-travail français » a un coût. Sur la santé des salariés, bien sûr. Sur le budget de la Sécu. Sur les entreprises, désorganisées par l'absentéisme, par le turn-over. Sur la société tout entière : ce sont des pans de notre économie, de nos services publics, qui dysfonctionnent, en peine de recrutements, en panne de compétences. Sans compter le coût politique : le ressentiment privé, dans l'entreprise, rejaillit en ressentiment public, dans les urnes.
A propos de Rendre les coups de Selim Derkaoui, postfacé par François Ruffin : Le ballet des gants, le bruit sourd des coups, les regards fixes, la sueur. Des cités ouvrières aux quartiers populaires, Selim Derkaoui nous entraîne sur le ring à la rencontre de celles et ceux qui pratiquent le noble art. Outil d'autodéfense, exutoire, la boxe a historiquement été un puissant instrument d'émancipation pour les classes laborieuses. Sport des « miséreux », largement investi par les héritiers et héritières des immigrations, elle attire désormais d'autres publics, des groupuscules d'extrême droite aux jeunes cadres dynamiques. Récupérée par le système marchand, porteuse de valeurs parfois trompeuses, elle a également été instrumentalisée par l'État pour « canaliser la violence » suite aux révoltes des banlieues. Mêlant récit personnel et enquête journalistique, Rendre les coups se lit comme un hommage à une boxe populaire, inclusive et anticapitaliste. Une boxe au service des combats que l'on mène à plusieurs.
Nous avons reçu Selim Derkaoui à deux reprises à la bibliothèque Alexis de Tocqueville puis au Brouillon de culture pour ce livre et le précédent « La guerre des mots » publiés aux éditions du Passager clandestin. |