Avec l'île, le décor est un personnage à part entière ! Pour un auteur, le choix de l'insularité n'est jamais anodin : symbole d'emprisonnement ou de nouveau départ, virginale ou barbare, tantôt asile tantôt hostile, l'île est un cadre qui contraint grandement les personnages qui y passent ou y habitent, et qui crée à soi seul les situations romanesques.
Île au trésor pour Stevenson ou le Dantès de Dumas, île mystérieuse pour Verne, terrain hors du temps où Robinson est renvoyé à l'état de nature pour Defoe puis Tournier, lieu de l'innocence chez Bernardin-de-Saint-Pierre, huis clos ultime pour Agatha Christie, Dennis Lehanne ou Maurice Leblanc, lieu d'expérimentations, maléfiques pour Wells, utopiques pour Huxley, les deux mêlés chez Houellebecq, ces espaces habitables au milieu des eaux sont les décors de nombreux romans extrêmement variés. Pendant des siècles, comme pour l'Ulysse d'Homère, l'île a représenté l'aventure, l'ailleurs et la conquête, le danger à réduire, le progrès de l'homme sur la nature... Depuis la fin du XVIIIe siècle, même si l'ensemble du globe est connu de l'homme, elle n'en a pas moins gardé un caractère hautement symbolique, ajoutant à ses attributs les mystères de la claustration et l'emblème d'un des derniers moyens de l'isolement volontaire. Il est impossible en une seule causerie de faire la cartographie détaillée du vaste sujet qu'est l'île dans le roman... Ce paysage est cependant trop passionnant pour que cela nous rebute et que, notre bibliothèque sur le dos, nous renoncions au luxe d'un petit voyage pour en humer l'incroyable parfum. S'appuyant sur un diaporama fourni, Nicolas SoreL évoque l'histoire de l'île dans la littérature, et lit des extraits de quelques romans phares où elle est un personnage de première importance. |